Sélectionner une page

Pourquoi tant d’avions dans notre ciel?

Nos concitoyens et singulièrement les classes moyennes supérieures ont graduellement considéré comme un droit et une liberté fondamentale la possibilité de prendre l’avion plusieurs fois par an soit pour des voyages d’affaires, soit pour se rendre sur des destinations touristiques lointaines. Avec le temps, cet exemple s’est communiqué à d’autres catégories de la population qui à leur tour sont incitées à profiter de vols à prix cassés. En effet, les prix des billets en matière de transport aérien ne reflètent pas le vrai coût : pas de taxes sur le carburant et aucune prise en compte des impacts environnementaux… Ce phénomène explique en grande partie l’essor du transport aérien. Si le coût « vérité » s’imposait, il y aurait moins de vols parce que plus chers…

Peut-on limiter l’impact sur les zones peuplées? (l’approche d’Isabelle Durant en son temps)

Le choix politique qui consisterait à reporter le survol sur des zones les moins peuplées est très difficile à assumer et impossible à justifier auprès des personnes qui sont concernées (quelle que soit leur langue…). En théorie, en concentrant le survol, on pourrait financer l’isolation poussée des habitations concernées. En pratique c’est difficile à mettre en oeuvre à l’échelle d’une ville comme Bruxelles et cela ne fonctionne pas de manière satisfaisante (financement hypothétiques, efficacité limitée, coûts importants restant à charge des propriétaires…).

Pourquoi choisir de répartir le survol sur une plus grande zone? (l’approche Wathelet)

Cette approche vise à limiter le nombre de survol auquel chacun est exposé et cette solution comporte une logique prétendument rationnelle et équitable. Par contre les habitants des zones auparavant privilégiées car peu survolées perçoivent une dégradation de leur environnement. A Bruxelles, depuis février 2014, tout le monde a pu « profiter » du bruit des avions et le nombre de mécontents a explosé! Ceux qui n’étaient pas survolés auraient préféré que les couloirs de vol étroits maintiennent les avions au-dessus de quelques zones dont les habitants devraient se satisfaire du statu quo. Gros inconvénient : aucune solidarité n’existe entre les habitants (réflexe NIMBY) et en période électorale, la surenchère était inévitable!

L’argument de la sécurité…

Cet argument a de manière consistante été porté par Ecolo. La sécurité des populations doit être une priorité absolue et il faut réduire les conséquences d’un accident éventuel en ne permettant pas le survol des zones les plus peuplées. C’est fort certainement le critère de détermination des couloirs aériens qui offre la plus grande logique. Il ne s’est pourtant pas (encore) imposé car la perception du risque, pourtant bien présent, est atténuée par la notion que la probabilité d’un accident est perçue (à tort) comme négligeable. Cela peut encore changer: comme le décollage très laborieux d’un Boeing 747 surchargé au ras des toitures de Wezembeek l’a encore montré dimanche dernier (5 mai), des erreurs sont régulièrement commises et pourraient se terminer en catastrophe. La piste 19 est interdite aux avions de plus de 200 tonnes depuis le décollage et le crash d’un avion de même type de la Kalitta. Preuve de la mauvaise prise de décision: l’avion avait le vent dans le dos (3 noeuds de vent) ce qui aurait dû imposer une procédure de décollage depuis une autre piste.

DSC_2944_Kalita.jpg
25 Mai 2008: un 747 cargo de Kalitta Air rate son décollage et s’écrase au bout de la piste 19 sud : on a frôlé la catastrophe (photo JCV)

Les heures de survol…

Ecolo défend le principe de la nuit européenne de 23h à 7h et l’abandon de la norme actuelle théorique de 24h à 6h comme actuellement (en réalité, les décollages jusque minuit sont régulièrement autorisés: le Boeing 747 avait décollé à 23h55!). C’est une approche respectueuse qui vise à prendre en compte le critère de santé publique par rapport au respect des heures de sommeil.

En conclusion, prenons le parti de l’utopie et du bon sens et rêvons que le nombre de vol soit réduit, que les avions ne survolent plus les zones densément peuplées, qu’il n’y ait plus de vols de nuit, que le prix du billet reflète les vrais coûts et que son augmentation serve à financer l’isolation des habitations survolées…

Le conseil communal de WSL a voté lundi dernier (28/4/2014) une motion supportée largement (FDF – CdH – Ecolo) qui va partiellement dans ce sens en appelant à un large dialogue entre tous les pouvoirs concernés, dès le nouveau gouvernement en place. Paradoxalement, le MR de WSL (oui, le parti de V De Wolf!) a refusé le vote de ce texte…

Jean-Claude Van der Auwera

Conseiller communal Ecolo

retour au dossier